Face au défi climatique : 3 jours pour agir pendant 10 ans

Bleu-Blanc-Coeur

13/08/19
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Du 5 au 7 août, nous étions invités par la Carbone City Alliance (1) à New-York pour présenter Bleu-Blanc-Cœur comme un outil efficace pour l’environnement.

Cette invitation n’était qu’une première surprise ! Il y en a eu pas mal d’autres plutôt positives qu’il nous semble important de relayer :

D’abord, dans un pays dont le président ne croit pas au réchauffement climatique, nous avons trouvé des acteurs motivés, des contre-pouvoirs puissants (cités et états qui disposent de moyens importants et d’une grande autonomie) et des soutiens de grandes fondations comme la fondation Rockefeller qui finançait le congrès.

Enfin, et surtout, toutes les discussions, tous les témoignages (le nôtre inclus) étaient tournés vers l’action et présentaient des réussites dans une logique de « petits pas », insuffisants certes à eux seuls… mais plein de promesses d’efficacité.

Il nous semble important de restituer ce que nous avons appris et partagé avec ces acteurs très très opérationnels de la lutter contre le changement climatique :

1. Le professeur Walter Jehne est un Australien microbiologiste du sol, fondateur de « Healthy Soil Australia » et un des grands scientifiques du climat.

Il dresse un tableau de la situation planétaire avec lucidité mais aussi avec beaucoup d’espoirs. « Une Nation qui détruit ses sols finit par se détruire elle-même » dit-il en s’inquiétant de la détérioration des sols en France et en Espagne dont il prédit situation de type « Tunisie » dans 10 ans.

Mais…

Mais il reste optimiste en expliquant avec beaucoup de pédagogie que nous pouvons agir à la fois sur le cycle du Carbone et sur celui de l’eau. Les deux sont liés et tout passe par le développement de nouvelles méthodes en matière d’agriculture, d’élevage et surtout de gestion de la forêt.

Il faut rétablir les capacités de stockage des sols, qu’il s’agisse d’eau ou de carbone. Très pédagogue, il parle de la « cathédrale microbienne » des sols à reconstruire.

2. Pour reconstruire cette « cathédrale microbienne des sols », John Kempf, agro-écologiste a lancé avec succès aux USA l’agriculture dite « régénérative ».

John explique avec talent la vie microbienne des sols et donne aussi de nombreux exemples concrets de réussites. Il mesure des augmentations très fortes de taux de carbone séquestrés dans les sols en combinant d’une part les techniques de couverture des sols, de « no-till » (zéro labour), etc… avec l’usage d’oligo-éléments, co-facteurs limitants de la photosynthèse des plantes ou des synthèses enzymatiques de la « micropopulation des sols » : bactéries et champignons symbiotiques des plantes.

Ses techniques sont déjà utilisées à grande échelle, tandis que son site et des émissions comptent parmi les plus visitées des états Unis… Le monde change !

3. Dan Kittredge, lui a fondé une ONG technologique et idéaliste : Bionutrients…

Il construit en « open-source » un outil spectro et des bases de données qui permettent à la fois :

  • Aux agriculteurs de mesurer les progrès accomplis en terme de stockage de Carbone et d’activité biologique dans les sols

  • A tous de mesurer la densité nutritionnelle (notamment en anti-oxydants) des végétaux, densité nutritionnelle qui dépend de la vie biologique des sols.

En développant des outils de mesure qui permettent aux paysans de prendre en main la santé de leurs sols et aux consommateurs d’en mesurer les bénéfices nutritionnels, Dan ouvre une voie formidable d’amélioration de la chaîne alimentaire au service de la santé de la planète… et de ses habitants.

4. Adam Chambers appartient au ministère US de l’agriculture (USDA).

Il  a décrit les orientations et les budgets agricoles (Farm Bill 2018) qui mobilisent des milliards de $ d’argent public pour développer les techniques environnementales de pointe en matière de régénération des sols et de stockage de Carbone.

5. Whendee Silver vient de l’Université de Californie Los Angeles (UCLA).

Elle a présenté le projet de compostage puis de concentration des déchets organiques des cités. Mis en œuvre à l’échelle qui pourrait représenter une baisse de 0,3° de la température planétaire d’ici 2100.

6. Lauren Kolb de la ville de Boulder dans le Colorado et Kevin Drew de la ville de San Francisco

Ont présenté dans la foulée les résultats de leurs actions d’épandage de compost joint à quelques techniques de travail du sol pour régénérer des sols qui avaient perdu toute leur fertilité.

7. Clare Fox de la ville de Los Angeles a présenté les règles d’agrément des fournisseurs pour les cantines de sa ville : Nutrition – Environnement – Bien-être Animal – Ethique et Social

8. Betsy Taylor coordonne les actions d’une dizaine de fondations qui financent les travaux de John et Dan par exemple, avec les autres fondations présentes, ils aideront les cités à financer ces programmes.

Et ce ne sont là que quelques exemples.

Ces jours ont été vraiment inspirant, à mille lieux des discours simplistes (Il suffit de..) déculpabilisants (c’est de la faute des autres bien sûr….), accusateurs (je connais les coupables..), déprimants (de toutes les façons, c’est trop tard..) ou politiques (de toutes le façons, c’est le capitalisme ou le socialisme qui est en cause..)….

Il se construit donc dans tous les coins du monde (même les plus improbables en matière de lutte pour le climat) des COMMUNAUTES de gens qui agissent conscients des enjeux, conscients de leurs responsabilités.

Il n’y aura pas de solution unique. Elle ne viendra pas « d’en haut ».

Les solutions existent, elles produisent des résultats concrets.

Le lien que nous incarnons entre changements dans les modes de productions comme dans les modes de consommations, ce lien est indispensable pour maîtriser les défis qui nous attendent.

Nous en sommes doublement fiers, fiers de nos réussites et fiers de la communauté que nous venons d’intégrer, celle des gens qui se retroussent les manches pour avancer….

Mais nous sommes aussi conscients de nos responsabilités : Le lien qui lie environnement et santé est étroit et difficile à démontrer. Nous avons été les premiers (et à date les seuls à cette échelle) à l’objectiver. Les bénéfices « santé » de notre démarche doivent permettre de mettre en œuvre les améliorations environnementales de nos modes de production.

Notre présentation a été appréciée, elle s’inscrit dans cette logique d’actions de terrain et d’amélioration permanente de nos cahiers de charge. Les études cliniques et les analyses de cycle de vie ont guidé l’amélioration permanente de nos modes de production.

Le rapport du GIEC sorti au milieu de ce séminaire semble avoir été écrit pour nous. Il recommande de lier la nutrition et l’environnement, de favoriser les systèmes d’élevage de ruminants à base d’herbe et de prairies permanentes, il recommande d’arrêter les importations de protéines d’import issues de déforestation, il recommande d’allonger les rotations et d’arrêter les monocultures.

La consommation de viandes et de produits animaux va doubler dans les 10 ans qui viennent. Le vrai challenge, ce n’est pas de réduire à la marge cette consommation chez les 500 millions de terriens qui en mangent trop… mais, bien sûr, d’imaginer et de mettre en œuvre les modes de production qui permettront de préserver la nutrition et l’environnement (l’empreinte carbone d’un litre de lait ou d’un kg de viande peut varier du simple au double en fonction de son mode de production).

Il faut donc continuer la mise en œuvre du programme Bleu-Blanc-Coeur à grande échelle, à chaque avancée de notre développement, ce sont de nouveaux petits pas qui font avancer la planète.

 

(1) Une union de cités majoritairement Américaines qui luttent contre le réchauffement climatique (Carbon Neutral Cities Alliance).

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